A ce jour, en pensant à ces moments lointains du Maroc je réalise que la jeunesse a cette merveilleuse propension à la confiance, cette liberté presque insolente de tout se dire, sans retenue, sans peur du jugement. Entre amis jeunes, on se livre comme on respire, avec une facilité déconcertante, exposant nos doutes, nos désirs, nos peines les plus profondes sans craindre qu'ils nous soient un jour retournés. On parle de tout, jusqu'aux détails les plus intimes, ceux que l'on n'oserait jamais murmurer à voix haute dans un autre contexte. Mais avec le temps, quelque chose change. Notre coquille, d'abord souple et transparente, s'épaissit à force d'éraflures et de coups. À mesure que les années passent, elle se referme, ne s'entrouvrant plus qu'à de rares occasions, prudemment, comme si chaque confiance devenait un risque. L'âge nous apprend à filtrer, à masquer, à mesurer nos mots, là où la jeunesse, elle, n'a jamais craint de se mettre à nu.
Pour changer de sujet, et peut-être aussi pour dissiper l'ombre qui venait de passer dans son regard, je pris un ton plus léger et lui racontai ma nuit avec Madeleine, sans entrer dans les détails bien sûr. Je mentionnai simplement, avec un sourire en coin, le tumulte soudain qui avait interrompu nos ébats.
Peter relève soudain la tête, une lueur indéfinissable dans le regard. Il hésita une seconde, puis, dans un soupir où se mêlait une pointe d'amusement et de contrariété, il lâcha :
— Ce vacarme… c'était moi.
Je fronçai les sourcils, intrigué. Il s'appuya contre le dossier, croisant les bras sur sa poitrine, visiblement partagé entre l'agacement et le besoin de partager son récit.
— J'ai été surpris en pleine nuit par l'irruption d'un serveur dans ma chambre. Il avait un plateau de thé, soi-disant pour moi, alors que je n'avais rien commandé…
Il marque une pause.
— Sauf qu'à voir son attitude, c'était clairement autre chose qu'une simple courtoisie.
Il baissa légèrement les yeux vers son verre, comme s'il pesait encore ses mots.
— Ce type ne s'est pas contenté de m'apporter du thé. Il se tenait là, immobile, avec une protubérance énorme qui déformait ostensiblement son pantalon de soie blanche, et à chaque mouvement, il accompagnait ses gestes de déhanchements suggestifs, me laissant comprendre que l'invitation ne concernait pas que la boisson.
Un silence s'installa. Je ne pus m'empêcher d'écarquiller les yeux, partagé entre la surprise et un amusement mal contenu.
— Et donc… tu l'as viré ? demandai-je.
— Je l'ai projeté hors de ma chambre avec suffisamment de vigueur pour que tout l'étage en entende le fracas.
Sa mâchoire se contracta légèrement. Cette fois, il n'y avait plus trace d'amusement dans son regard, juste un reste de vexation mêlée à une pointe de colère contenue.
— Ça m'a blessé, Pierre.
Il me fixa un instant, cherchant ses mots.
—Que… que ce type… que ce type ose m'aborder ainsi, qu'on pense que je puisse être… disponible, ouvert à ce genre de proposition comme si c'était une évidence, comme si cela se lisait sur moi ! ça m'a… Il haussa le ton. Ça m'a mis en rage.
Je l'observai un instant, détaillant l'ombre de tension qui persistait sur ses traits. Il ne s'agissait pas simplement d'un malaise passager. Un silence s'installa entre nous, cette fois plus dense, plus lourd de sens. J'avais voulu alléger l'atmosphère, mais la conversation venait de prendre une tournure inattendue, plus intime. Et, malgré moi, je me surpris à me demander si ce serveur avait réellement été si aveugle à ce qu'il avait perçu en Peter… ou s'il avait vu quelque chose que lui-même refusait encore d'admettre. Sa longue chevelure à la blondeur vénitienne presque féminine, sa peau si blanche, son corps…
Je préférai prendre un ton calme et lui expliquer, sans chercher à minimiser son ressenti :
— Écoute, Peter, nous sommes au Maroc. Dans ces Ryads, le personnel est mal payé, parfois à peine de quoi vivre, et il voit défiler des touristes plus étranges les uns que les autres. Ici, le tourisme sexuel existe, c'est une réalité, qu'on le veuille ou non. Pour certains, toute occasion est bonne, soit pour assouvir des envies, soit pour arrondir des fins de mois, voire les deux.
Je marquai une pause, laissant mes paroles s'ancrer en lui. Il ne me quittait pas des yeux, attentif, mais toujours sceptique.
— Ça ne justifie rien, évidemment, repris-je. Mais ce type ne te voyait pas comme toi, tu te vois. Il a tenté sa chance, sans même se poser la question de ce que tu étais réellement. Pas parce qu'il te méprisait, mais parce qu'ici, pour beaucoup, un homme seul, jeune, beau, à forcément un prix ou une disponibilité.
Je vis ses traits se détendre légèrement, comme s'il comprenait sans pour autant accepter.
— Ça t'a blessé, je le vois bien. Mais ce n’était pas personnel.
Il hocha la tête lentement, sans rien répondre. Je savais que mes explications faisaient leur chemin en lui, mais je devinais aussi que la vexation qu'il avait ressentie ne disparaîtrait pas si facilement.
— Et toi, tu y as eu droit aussi, j'imagine ? Puisque tu es arrivé seul, d'après ce que j'ai compris.
Je m’esclaffai, me tapant le front avec un sourire amusé, mentant effrontément, mais à demi seulement.
— Ah oui, bien sûr ! Mais tu vois, je n'en ai pas fait un scandale.
Je pris un air faussement détaché, jouant la carte de la désinvolture.
— Franchement, ça m'a bien fait rire ! Bon, je dois avouer que je n'ai pas pu m'empêcher d'être un peu surpris par… disons, la générosité de la nature envers ce garçon.
Je marquais une pause, un peu pris de court, alors que le rire de Peter éclatait, franc, sonore, presque trop sincère pour être feint. Il se pencha légèrement en arrière, secoué par son hilarité, une main plaquée contre son torse comme s’il venait d’entendre la blague du siècle.
— Ah putain, mais t’es incroyable, toi ! lança-t-il en reprenant son souffle, les joues rosies par son rire.
Je l’observai, intrigué. Ce rire, cette réaction… Était-ce simplement l’amusement ou y avait-il autre chose ? Une manière d’éloigner un malaise ? De masquer une gêne ? J’aurais pu croire à une exagération, un jeu de sa part, mais il y avait cette lueur dans ses yeux, ce quelque chose d’indéchiffrable qui me donnait envie de creuser.
Et puis, sans prévenir, il lâcha, l’air goguenard :
— Dis-donc, en parlant de braquemart, il me semble que tu es bien doté, toi aussi ? Tu dois la rendre heureuse, la Madeleine !
Je clignai des yeux, figé sur place, la phrase résonnant dans mon esprit comme un écho irréel. Une seconde de silence s’écoula, puis une autre, avant que je ne me ressaisisse, oscillant entre amusement et stupéfaction. Il avait dit ça en riant, comme une plaisanterie légère, mais après sa confession, après tout ce qui s’était insinué entre les mots, je ne savais plus trop quoi penser. Je penchai légèrement la tête, le scrutant avec curiosité.
— Je rêve ou tu viens de me balancer ça sans gêne ? répliquai-je, un sourire en coin.
Peter haussa un sourcil, le coin de ses lèvres toujours relevé par l’amusement, mais il ne répondit pas tout de suite, comme s’il me laissait mariner dans ma propre réaction.
Je ne savais pas trop quoi en penser. D’un côté, j’étais surpris qu’il ait remarqué cette partie de mon corps – après tout, ce n’était pas forcément une observation courante dans une discussion entre hommes hétéros. De l’autre… je devais bien l’admettre, il y avait une part de flatterie dans tout ça. Un frisson imperceptible me parcourut l’échine, non pas tant par gêne, mais par cette sensation troublante que cette remarque n’était peut-être pas si anodine. Et si c’était une porte entrebâillée vers une autre éventualité ? Une manière détournée de tâter le terrain, d’explorer une dynamique que je n’avais jamais envisagée auparavant ? Je plantai mon regard dans le sien, cherchant à y lire quelque chose, une confirmation, une esquive, un jeu. Mais Peter restait là, détendu, souriant, attendant peut-être de voir ce que j’allais faire de cette perche tendue.
J’osais alors un :
— Ben, je vois que tu as toi aussi l’air de disposer ...
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